Jeune arabe avec une coupe remplie d'eau
Gouache sur carton
Collection privée
Professeur
de peinture, d’abord à Marrakech puis à l’École des Beaux-Arts de
Casablanca dans les années 1960, Azéma a exercé une importante in-
fluence sur les artistes marocains de son époque. « Peintre », «
figuratif » et « Français » – dans un Maroc tout juste affranchi du
protectorat, Azéma faisait alors forcément figure d’académique
auprès de ses confrères avant-gardistes. Sa peinture se caractérise
par une grande sensualité. Le plus souvent, il s’agit de travaux à la
gouache, ce qui explique leur grain très particulier et leur gamme
chromatique étonnante, très douce. Dans le décalage entre
l’environnement quotidien et les images d’Azéma s’engouffrent toutes les
puissances du rêve : séduction des paysages oniriques, mais aussi
visions plus inquiétantes provoquées par le kif, dont les écrivains de
Tanger ont abondamment évoqué les attraits et les périls. Rêveries des
corps nus, aussi, tels qu’ils s’alanguissent dans la moiteur du hammam.
L’érotisme est assurément l’une des clefs de l’univers du peintre. Son
cousinage avec Chirico ne peut que frapper, avec ses personnages traités
comme des statues-colonnes et l’italianité de ses villes ou de ses
collines, tirant le Maroc vers des courbes et des teintes ombriennes. On
mesure ainsi combien il n’y a rien de naïf dans l’art d’Azéma.
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