Jean-Honoré Fragonard (1732-1806)
Portrait d'un jeune homme, censé être Jacques-André Naigeon
Huile sur toile, 81, 5 x 65 cm
Musée du Louvre, Paris
Jacques-André Naigeon (1735-1810) est un homme de lettres, traducteur et philosophe français presque totalement inconnu de nos jours et qui traversa la période troublée de la Révolution française avec un certain brio pour ne pas dire avec talent ! Avant d’écrire et de publier des livres pour son propre compte, Naigeon en publia pour le compte d’autrui. Familier de la maison d’Holbach et de l’officine philosophique qui s’y tenait, il a pour emploi de revoir les manuscrits du baron, d’en augmenter la dose d’athéisme, quand il ne la trouve pas suffisante, puis de les faire recopier et imprimer. Prudent, le baron d’Holbach ne voulait pas que son écriture soit livrée à éditeur ; et ses manuscrits, quoique fort lisibles, étaient tous recopiés avant de passer à l’imprimerie. C’est ainsi qu'a été préparée et disposées pour la publication la plus grande part des productions philosophiques du baron d’Holbach, et en particulier son Système de la nature, qui parut sous le pseudonyme de feu Mirabaud.
lus tard, ce sont ses propres œuvres que publie Naigeon. Agréé, comme disciple de d’Holbach et de Diderot, dans le groupe des philosophes et des encyclopédistes, il prend une part active, à côté de ses maîtres, à cette guerre sans relâche, dirigée non seulement contre les dogmes, les mystères et les rites de la religion révélée, mais encore contre les principes essentiels de la religion naturelle, tels que l’existence de Dieu, la Providence, les peines et les récompenses à venir, l’immatérialité et l’immortalité de l’âme, le libre arbitre. Chargé de la partie philosophique de l’Encyclopédie méthodique, Naigeon y prêche le fatalisme, le matérialisme, l’athéisme, notamment dans les articles consacrés à Collins, à Campanella, à Vanini et au curé Meslier. Il trouve pourtant mauvais, à une époque où il voulait devenir membre du Corps législatif, en 1804, que Sylvain Maréchal et Lalande lui aient donné place dans leur Dictionnaire des Athées. À défaut du Corps législatif, Naigeon devient membre de l’Institut de France en 1795, section de morale de la classe des sciences morales et politiques où il fut entièrement passif.
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