L'Apollon de Lillebonne (détail et ensemble).
Bronze doré, II siècle
Musée du Louvre, Paris
Découvert en 1823 à proximité du théâtre antique de Lillebonne près de Rouen, en Seine-Maritime, cet Apollon est la plus grande statue (1, 94 m)en bronze d'un dieu, conservée en Gaule.
Apollon, considéré comme une divinité salutaire, apparait ici sous des traits juveniles, entièrement nu et tenant une lyre (aujourd'hui perdue) dans la main gauche, selon un schéma particulièrement fréquent dans la Gaule du Nord et du Centre-Est où des statuettes votives analogues ont été trouvées en quantité. Par ses proportions, sa pondération et l'agencement de la chevelure, l'effigie divine de Lillebonne témoigne de l'influence des créations grecques sur les artistes gallo-romains. L'œuvre, qui a été réalisée au IIe siècle de notre ère dans la région de Lugdunum (l'actuelle Lyon), s'inspire largement de la tradition classique. Elle reprend le contrapposto élaboré par Polyclète au milieu du Ve siècle avant J.-C. et fait écho aux silhouettes - presque adolescentes encore - des figures masculines créées au IVe siècle par des sculpteurs comme Praxitèle, Euphranor ou Scopas ; elle adopte aussi le canon très allongé des oeuvres de Lysippe, avec la tête aux proportions volontairement réduites. L'attitude et l'attribut du dieu sont également empruntés au répertoire artistique grec.
La statue a été coulée en plusieurs pièces selon le procédé de la fonte creuse à la cire perdue. Elle a été restaurée à de multiples reprises, peut-être même dès l'Antiquité. La présence de nombreuses traces de raccords à la surface du bronze aurait ainsi justifié la dorure, réalisée à la feuille. Il est difficile de préciser la date de cette dorure ; l'œuvre aurait d'ailleurs pu être dorée une première fois lors de la fonte, puis une seconde à la fin de l'époque romaine impériale.
Après avoir été vendue en Angleterre et avoir séjourné pendant près de trente ans à Londres, chez le collectionneur Samuel Woodburn qui espérait revendre la statue au British Museum, l'oeuvre est acquise par l'État français en 1853 et rejoint les collections du Louvre.
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