Fayum (or Faiyum) - Portraits de momies
1er siècle av. JC.
Antinoopolis (Egypte )
Sont-ils toujours vivants ?
C’est la question que posent ces visages surgis avec intensité d’un passé très lointain, ces
« portraits du Fayoum », un ensemble de peintures remontant à l'Égypte romaine,
exécuté entre le 1er et le 4e siècle de l’ère chrétienne. Ils sont ainsi appelés à cause du
lieu de leur première découverte, en 1888, dans la région de Fayoum en Egypte.
Ce sont en effet des portraits funéraires peints sur une écorce de figuier-sycomore et
insérés dans les bandelettes de la momie au niveau du visage. (cf. ci-dessous).
Ces défunts, plus vivants que morts, sont toujours représentés en buste, le visage de
face. Les « portraits du Fayoum » qui nous regardent ainsi droit dans les yeux du fond
de l’antiquité égypto-romaine, poursuivent la tradition funéraire de l'Égypte antique de
la momie et du sarcophage décoré. Ils l’enrichissent toutefois des influences
concernant la représentation du corps, liées aux invasions et immigrations, notamment
grecque puis romaine. Le parement de la momie ne fut pas l’unique fonction des
« portraits du Fayoum ». Ils avaient surtout la capacité d’aider les vivants à se souvenir
du défunt comme il était de son vivant et auquel le portrait devait ressembler le plus
possible, selon la tradition romaine. Cela s’accordait parfaitement avec la culture
égyptienne et son propre culte de l’imagerie liée au corps du défunt développé tout au
long de l’époque pharaonique. Dans la culture égyptienne, le défunt devait survivre
physiquement et spirituellement, et son corps servait d’attache physique aux parties
immatérielles qui le composaient (ka et ba).
La tradition égyptienne allait plus loin que la tradition romaine dans le doute vis-à-vis
de la condition du mort. Les égyptiens allaient jusqu’à conserver la momie du défunt à
l’intérieur de la maison et la faisaient participer à chaque repas. Avec un Fayoum à sa
table, certains pouvaient presque douter qu’il était mort. C’est d’ailleurs bien le même
doute vis-à-vis de la mort qui persiste encore aujourd’hui dans ces portraits et les rend
encore si troublants et fascinants, 20 siècles après leur création…
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Un blog de Francis Rousseau