LES TABLEAUX QUI PARLENT
une série de Podcast par Francis Rousseau
GUSTAVE MOREAU (1826-1898)
Le jeune homme et la mort,
A gauche, version conservée au Fogg Art Museum, Harvard
A droite, version conservée Musée D’orsay, PAris
Il existe de nombreuses répliques de l’original présenté au Salon de 1865.
Celle d’Orsay à droite donc et celle d’Harvard à gauche sont sensiblement différentes.
Sans
vouloir jouer au jeux des 7 erreurs, on notera que la version d’Orsay
montre un cadre peint dans la toile elle même, alors que l’autre non.
La signature figure sur le cadre orné des fleurs qui le garnissent,
exactement comme l’on pourrait garnir une tombe.
(
Ponctuation sonore)
Une
façon pour cette version d’insister sur l’idée que la Mort a déjà fait
son oeuvre alors qu’elle n’ a pas commencé à agir dans l’autre
version, celle de gauche d’une façon générale beaucoup plus vivante y
compris dans les couleurs. Ne pas oublier que Gustave Moreau est LE
représentant du mouvement symboliste.
(Ponctuation sonore)
Dans
la version de droite, la mort a déjà tellement fait son oeuvre donc que
le jeune homme s’apprête à disparaitre du cadre, son pied gauche s’en
tenant déjà à la bordure extrême.
Par contre la mort elle-même
représentée par une femme aux traits diaphanes et insaisissables, n’est
pas différente selon les deux versions. C’est bien la même qui passe
derrière le jeune homme et l’enlasse d’un mouvement que l’on imagine
imperceptible, silencieux et glacial. Oui la Mort ou la Parque comme on
voudra ,qui flotte dans les airs telle une créature invertébrée tient
ferme son sablier en ne le quittant pas du regard, comme si elle ne
voulait pas laisser passer un quart de seconde de trop.
(Ponctuation sonore)
Comme l’écrira Jean Lorrain dans le poème consacré à ce tableau
« Aussi
la mort pour lui fut douce et passagère
Et tandis qu'il descend, comme
une ombre légère,
La déesse fatale, au front pur et voilé,
Voltige en
l'effleurant du souffle de sa robe
Et, pensive, sourit sous le voile
enroulé,
Dont un pli virginal et tremblant la dérobe. »
Par contre le
jeune homme qui est en train de se couronner des Lauriers d’Apollon et
brandit les narcisses de Perséphone, dans l’une et l’autre version, est
peint très différemment selon la version. Très présent voir même joyeux
sur la toile de gauche, son image est beaucoup plus estompée comme
en cours d’effacement dans un halo lumineux sur la toile de droite
exactement comme si la mort venait juste de passer.
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