Nicolas de Largillière (1656-1746)
Portrait présumé de Jean-André Souby, vers 1729
Huile sur toile 81x 65cm
Collection Privée ( Drouot)
Jean
André Soubry (1703-1774), est trésorier de France à Lyon – son père,
Jacques Soubry (1656-1740), tenant la charge d’échevin dans la même
ville. Les trésoriers de France, charge instaurée dès le XIIIe siècle,
ne sont rien de moins que les administrateurs des Finances royales,
assumant cette noble et haute tâche sous le nom de «Messieurs des
Finances». La figure de celui-ci est pourtant bien jeune, autour de 26
ans lors de la réalisation de ce portrait par celui qui était demandé
par les grands bourgeois, financiers, officiers et autres magistrats
alors que son confrère et ami Hyacinthe Rigaud (1659-1743) officiait
auprès de l’aristocratie – tant la qualité du résultat était parfait. En
effet, comme nul autre, il savait allier à une vivacité et un esprit
dans le traitement des visages un rendu des matières qui flattait au
mieux le modèle représenté. La soie crisse, le drapé des velours casse
là où il le doit, les dentelles – juste ce qu’il faut – font écho à la
carnation. Si les portraits sont bien entendu réalisés d’après nature,
en revanche, les tissus font l’objet d’études, d’où le degré de réalisme
atteint, le souci du détail et la distinction qui s’en dégagent. À sa
mort, Largillière aura contribué à renouveler la tradition française du
genre pictural et à préparer la voie pour les générations suivantes.
Cela vaut bien un record.
Nicolas de Largilliere (qui s'écrit aussi Largillierre) est sans doute
l’artiste le plus complet de sa génération. Ce peintre aux talents
multiples était à l’aise aussi bien avec les natures mortes, qu’avec les
tableaux historiques, les paysages ou les portraits, sa maîtrise
technique lui permettant de jouer avec les matières, les couleurs et les
lumières sans jamais en faire un exercice froid. S’il s’était signalé
par quelques tableaux historiques, il s’adonna plus particulièrement,
sans renoncer à la grande peinture, au genre du portrait, dans lequel il
excellait, surtout ceux des femmes où il savait démêler, dans leur
physionomie, les traits constituant à la fois la beauté et le caractère.
Il pouvait, sans s’écarter du modèle, y découvrir des grâces inaperçues
et faire valoir les beautés apparentes, de façon que les femmes étaient
d’autant plus sensibles aux flatteries de son pinceau, qu’il semblait
n’avoir exprimé que la vérité, et qu’ainsi en regardant leur portrait,
en les trouvait ressemblantes avant de les trouver belles. La ville de
Paris ayant donné un repas à Louis XIV à l’occasion de sa convalescence,
en 1687, voulut consacrer le souvenir de ce repas mémorable.
Largillierre fut choisi pour le peindre, et, comme s’il eut compris ce
que désiraient, au fond, les officiers du corps de ville, il fit leur
portrait de grandeur naturelle au premier plan, leur prêta quelques
gestes insignifiants, pour avoir l’occasion de peindre de belles mains à
la Van Dyck, et rejeta Louis XIV et sa cour dans le vaporeux de la
perspective. Cette représentation des échevins parisiens en costume et
perruque s’appelle néanmoins la
Convalescence de Louis XIV.
Ses portraits, dans la tradition flamande de Rubens et van Dyck, gardent
toujours une vie et une sensibilité qui font de lui l’un des plus
grands peintres du règne de Louis XIV et de la Régence.
Il laissa, à sa mort, 4 500 portraits.
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Un blog de Francis Rousseau
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