Vendeur de fruits à Séville, 1864.
Huile sur toile 116.3 x 89.6 cm
Colección BBVA, Espagne
Achille Zo, est considéré comme l'un des peintres hispano-orientalistes les plus remarquables de la seconde moitié du XIXe siècle. Ses voyages dans le sud de l'Espagne ont contribué à consolider sa carrière car, en plus de lui fournir un important répertoire iconographique, ils lui ont permis de façonner son style personnel. Au cours de son voyage à travers l'Andalousie en 1860, l'artiste visita Séville, Cordoue et Grenade et dessina des croquis d'après nature qu'il utilisera plus tard pour ses peintures. Son œuvre était essentiellement composée de scènes de genre traditionnelles, ce qui lui a valu un succès et un prestige considérables tout au long de sa carrière.
C'est le cas de vendeur de fruits à Séville, un superbe exemple de sa période de mi-carrière, définie par l'équilibre compositionnel et les prouesses techniques. Tout dans ce travail a été minutieusement exécuté : de l'agencement de la scène à l'emplacement de la signature. Il révèle un intérêt pour l'étude de la figure et de ses éléments environnants, définis par une palette colorée et une grande luminosité, très en phase avec la gamme de couleurs locale. L'artiste tire le meilleur parti de la simplicité de la scène, créant un ensemble harmonieux avec une touche romantique qui s'intensifie encore à l'image du marchand de fruits andalou. On peut retrouver l'influence de Dominique Ingres (1780-1867) dans la maîtrise du dessin de la figure et dans sa qualité technique. Exécuté avec un coup de pinceau affirmé, c'est un exemple évident de portrait réaliste qui capture non seulement la physionomie du personnage, mais aussi son charisme et sa psychologie individuelle.
Exposé pour la première fois au 1864 Salon de Paris, ce tableau est devenu populaire après que Théophile Gautier en ait fait l'éloge dans sa critique de l'exposition. L'écrivain français, également épris d'Espagne, considérait Zo comme l'un des peintres qui traduisait le mieux l'essence de l'Espagne. Dans son rapport sur le salon, le critique d'art Edmond About a également salué la qualité de ce travail et mentionné le numéro d'inventaire (1992), dont l'étiquette est conservée sur le devant du cadre. Après sa présentation à Paris, l'œuvre fut exposée à l'Exposição Internacional do Porto en 1865, où elle fut achetée par le roi Ferdinand II du Portugal (1816-1885) pour sa collection privée et exposée dans la salle de musique de Palácio das Necessidades à Lisbonne. Le roi était fasciné par ce type de composition, très en phase avec le pittoresque Post- romantisme
Henri-Achille Zo est d'abord l'élève de son père Achille Zo, qui dirigeait l'Ecole des beaux-arts de Bordeaux, puis est admis en 1894 dans les ateliers des peintres Léon Bonnat et Albert Maignan à l'École des beaux-arts de Paris. Avec son père, qui fut le co-initiateur de l'Ecole de Bayonne, il partage une thématique commune : des scènes d'Espagne et de tauromachies. Il obtient une médaille d'argent à l'Exposition universelle de 1900 et l’État lui octroie une bourse de voyage en 1901. Il expose au Salon des artistes français à partir de 1897 et remporte le prix national en 1905. Il expose régulièrement des oeuvres à la Société des amis des arts de Bordeaux de 1896 à 1934. Il travaille à Paris aux peintures du théâtre national de l'Opéra-Comique, à celles de la chapelle Notre-Dame-de-Consolation construite en hommage aux victimes de l'incendie du Bazar de la Charité, et devient professeur à l'Académie Julian à Paris. En 1903, il reçoit le prix Rosa Bonheur, puis le prix Trémont décerné par l'Institut. Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1910, sous le parrainage de son maître Léon Bonnat. Il a illustré le Ramuntcho de Pierre Loti et les Nouvelles Impressions d'Afrique de Raymond Roussel (1932).
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