William Sidney Mount (1807-1868)
The Bone Player, 1856.
Museum of Fine Arts, Boston
Né à Long Island, William Sydney Mount a fait ses classes chez son frère, peintre de portraits et d'enseignes, puis a étudié à la National Academy of Design de New York. En 1856, au moment où il peint The Bone Player (Le Jouerur d'os), Mount était déjà bien établi comme l'un des principaux artistes américains de son temps.
The Bone Player a été peint sur commande des imprimeurs Goupil and Company pour servir de base à deux lithographies de musiciens afro-américains, destinées à être vendues sur le marché européen. En réalité c'est le dernier d'une série de cinq portraits de musiciens que Mount a exécutés entre 1849 et 1856. Il a intitulé la composition The Bone Player, indiquant ainsi que c'était plutôt le talent musical de son modèle qui l'intéressait que son identité Afro-Américaine.
Les os sont, joués par deux, un instrument de percussion (ou de concussion) résonnant par lui-même. La technique a été introduite aux Etats-Unis par des immigrants irlandais qui remplaçaient souvent les os par des petites cuillères en métal. Des traces très anciennes de cet instrument se retrouvent un peu partout à travers le monde dans les civilisations de Chine, d'Égypte, Grèce, Rome impériale, Inde du Nord ou Afrique. Au 19e siècle, les os ont contribué à l'enrichissement et quelquefois à l'émergence de nombreux genres musicaux, comme les minstrel shows, le blues, la musique irlandaise traditionnelle, le bluegrass, le zarico, la musique québécoise et celle de l'île du Cap-Breton.
Le claquement des os produit un son très sec, beaucoup plus marqué que celui de la planche à laver autre instrument de concussion apparu plus tard à La Nouvelle-Orléans. Mount qui lui-même jouait du violon et adorait la musique représenta de nombreux portraits afro-américains ou non.
Il savait que des représentations de musiciens afro-américains se vendraient mieux que les autres : ces musiciens séduisaient à la fois les Européens en raison de leur "exotisme" et les Américains parce qu'ils étaient considérés comme distinctement américains.
Mount n'était pas abolitionniste, mais qu'elles qu'aient été ses idées politiques, il a soigneusement éviter de caricaturer le physique de son sujet comme un type et se livre plutôt à une description de l'individu lui-même avec ses pommettes hautes, ses dents blanches et sa moustache soignée. Ce faisant, il s'inscrit à l'opposé des représentations des Afro-Américains dans la peinture de genre de son époque qui utilisait souvent la caricature. La taille, grandeur nature, du tableau, facilite encore un peu plus l' approche humaine individuelle que peut avoir le spectateur de ses personnages.
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2020 - Men Portraits
Un blog de Francis Rousseau