Hyacinthe Rigaud (1659- 1743)
Gaspard de Gueidan (1688-1767)
Musée Granet, Aix-en-Provence
Gaspard de Gueidan (1688-1767), président à mortier au parlement de Provence, fut un notable connu pour sa ridicule vanité. Après avoir acquis la charge de président à mortier, Gaspard de Gueidan a l'ambition d'accéder à la haute noblesse. En mai 1752, il obtient l’érection de terres récemment acquises en marquisat de Gueidan. Mais Gaspard de Gueidan ne se contente pas de cette situation, il veut effacer la trace de ses ancêtres marchands de bestiaux et pour cela il s'invente des ancêtres qu'il fait remonter jusqu'à Bertrand, comte de Forcalquier. Il va jusqu'à faire saisir le livre L'histoire héroïque et universelle de la noblesse provençale édité à Avignon en 1757 et à y faire insérer par un stratagème peu habile sa pseudo ascendance jusqu'au comte de Forcalquier. La mystification ne passe pas inaperçue et dans les années 1760 plusieurs chansons populaires tournent en ridicule les prétentions de Gaspard de Gueidan.
Puis le riche Gaspard de Gueidan acquiert le couvent des Observantins, une chapelle d'Aix-en- Provence dans laquelle il fait installer vers 1757 un mausolée à la mémoire de Guillaume de Gueidan, fondateur mythique de sa famille avant 1208. Le gisant du mausolée, sculpté par Jean-Pancrace Chastel, artiste renommé à cette époque, est revêtu d'une armure qui évoque plutôt le 16e siècle que le Moyen-Age et repose ses pieds sur un lion couché. À la Révolution, le couvent des Observantins est fermé et le mausolée rendu à la famille qui en fait don en 1836 au Musée Granet.
Vaniteux obsessionnel, dirait-on aujourd'hui, il est la véritable incarnation du bourgeois gentilhomme de Molière, se piquant de philosophie, de musique et de danse. Il ambitionna même un moment d’entrer à l’Académie française. En vain ! Son portrait fut peint deux fois par Hyacinthe Rigaud, en 1719 puis en 1734 (ci dessus), pour une commande livrée en 1738.
Hyacinthe Rigaud, né Jacinto Francisco Honorat Matias Rigau-Ros i Serra né dans la province du Roussillon, (et dont l'orthographe du nom fut francisée en Hyacinthe Rigaud) est considéré comme l’un des plus célèbres portraitistes français de la période classique. Pour Jacques Thuillier, professeur au Collège de France : « Hyacinthe Rigaud fut l’un de ces peintres français qui sous l’Ancien Régime connurent comme portraitistes la plus haute célébrité. Cette admiration était méritée à la fois par l’abondance de l’œuvre et par sa constante perfection1. » Dans le portrait ci-dessus, à l'arrière plan duquel apparait une magnifique Montage Sainte-Victoire, le peintre laisse volontiers transparaitre la suffisance et le ridicule du modèle que même son chien semble désapprouver !
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Un blog de Francis Rousseau