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jeudi 4 août 2022

Pisanello (1395-1455) - Portrait de Sigismond de Luxembourg


Pisanello (1395-1455) Portrait de Sigismond de Luxembourg, 1433 Kunsthistorisches Museum, Vienna 
 
Pisanello (1395-1455)

Portrait de Sigismond de Luxembourg, 1433
Kunsthistorisches Museum, Vienna



L'harmonie entre l'art de Pisanello et les idéaux et l'esprit de son époque et de la société dans laquelle il vivait, se manifeste dans les éloges très élevés et presque unanimes que le peintre reçoit durant sa vie, émis par de nombreux écrivains, poètes et humanistes. Flavio Biondo lui décerne une mention honorable, tandis que les poètes humanistes Leonardo Dati, Guarino de Vérone, Basinio, Tito Vespasiano Strozzi, Angiolo Galli et Ulisse degli Aleotti lui écrivent des élégies et des poèmes, en latin et en langue vernaculaire31. Dans son De Viris illustribus (1456), Bartolomé Facio le nomme parmi les grands peintres contemporains32. Il est l'artiste contemporain honoré par l'ekphrasis humaniste du début du Quattrocentro qui s'est développé dans le milieu humaniste rassemblé autour de Guarino et qui lui dédie des poèmes descriptifs et panégyriques : sa peinture, par sa composition et son abondance anecdotique, est particulièrement appréciée pour le discours descriptif qu'elle autorise33. A l'inverse, dans son De Pictura, Alberti reproche à Pisanello, sans le nommer, sa conception relâchée (dissoluta) de l'élégance oratoire, celle qui est justement pratiquée autour de Guarino.

Giorgio Vasari, au moment de la première édition des Vies (1550) en savait peu sur Pisanello, mais, dans la deuxième édition (156 ), grâce au correspondant Véronais fra Marco de' Medici, il peut écrire une biographie documentée et relativement précise. Cependant, deux erreurs importantes ont influencé toutes les critiques ultérieures pendant des siècles : la première est liée à son prénom, qu'il indique comme étant Vittore (l'erreur est découverte en 1902 et son vrai prénom, Antonio, retrouvé) ; la seconde est liée à l'attribution d'un « brevet florentin » assez peu honnête, l'indiquant comme élève d'Andrea del Castagno, ce qui valut à l'historien d'Arezzo de furieuses moqueries de la part des historiens véronais des siècles suivants. A l'époque de Vasari, certaines des œuvres les plus importantes de Pisanello avaient déjà disparu, formant ce « vide historique » qui concerne de longues années de la biographie de l'artiste31.

Sa popularité chute avec la diffusion des manières de la Renaissance, provoquant une longue éclipse de l'artiste qui dura pratiquement jusqu'au siècle des Lumières. Dal Pozzo et Scipione Maffei le réhabilitent, critiquant durement Filippo Baldinucci pour avoir ignoré l'illustre peintre véronais. À la fin du siècle, Luigi Lanzi exprime également une opinion positive sur l'artiste. Les critiques du début du xixe siècle demeurant dans l'entourage des écrivains véronais locaux, tels que Zannandreis et Bernasconi, parlent de Pisanello en termes romantiques et apologétiques. Dans l'Histoire de la peinture italienne (1839-1847), G. Rosini mentionne un grand nombre d'erreurs accumulées depuis Vasari. Giovanni Battista Cavalcaselle, lui-même véronais, fait rarement référence à son concitoyen.

Il faut attendre la troisième dernière décennie du xixe siècle pour qu'apparaissent de véritables études sur Pisanello, lorsque les différents aspects de la vie et de l'œuvre pisanellienne commencent à être analysés avec une approche philologique lors de leur redécouverte qui se fait progressivement. L'importance de Pisanello en tant que dessinateur et médailleur prend de l'importance. Une première contribution scientifique fondamentale provient d'Adolfo Venturi dans le commentaire raisonné sur les Vies (1896), qui est suivie en 1905 par une monographie fondamentale de Hill. Entre 1908 et 1913, Biadego rédige la chronologie de la vie et de l'œuvre de l'artiste, reprise et développée par Dagenhart, avec une monographie décisive publiée en 1940, suivie par d'importantes études de Venturi (1940), Thijs (1941), Brenzoni (1952), Coletti (1953), Sindona (1961). Pour l'activité de Pisanello en tant que médailleur, le Corpus des médailles de la Réanissance de Hill (1930) est le texte principal qui a ouvert la voie aux chercheurs ultérieurs, tandis que pour les dessins, le mérite revient aux travaux de Fossi Todorow (1966).
Au fil des décennies, les travaux sur l'artiste se sont accrus, impliquant de nombreux critiques majeurs du xxe siècle, tels que Longhi, Arslan, Salmi, Fiocco, Popham, Pallucchini, Ragghianti, Zeri, Lionello Venturi, Coletti, Boskovits, etc. Dans l'ensemble, les études modernes se concentrent sur deux tendances principales : l'une dirigée par Dagenhart et des amateurs enclins à rassembler le plus grand nombre de peintures et de dessins autour du nom de Pisanello, en s'appuyant sur une prétendue capacité de l'artiste à absorber les nouveautés de la Renaissance ; l'autre, lié surtout au jugement de Berenson qui, tout en ventant ouvertement les mérites exceptionnels de Pisanello, réaffirme son exclusion des rangs des artistes de la Renaissance, le confinant, quoique dans une position prééminente et définitive, dans le monde du gothique tardif.
Daniel Arasse considère que de la rencontre à Ferrare, en 1429, dans le Studio de Lionel d'Este, de Guarino qui le dirige, son précepteur, élève du grec Chrysoloras, et de Pisanello, est née l'école de peinture qui compte vers 1470-1490, parmi les plus grandes d'Italie.

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Un blog de Francis Rousseau