Peintre peignant un portrait, Constantinople fin xve siècle.
Les artistes occidentaux ont surtout découvert la miniature persane au début du xxe siècle. Les miniatures persanes sont caractérisées par une composition rigoureuse, répondant souvent à des règles géométriques et une palette de couleurs vives. L'aspect particulier de la miniature persane réside dans le fait qu'elle synthétise l'essentiel et qu'elle réussit étonnamment à traiter dans ses chefs-d'œuvre des questions aussi complexes que la nature de l'art ou la perception.
Il est difficile de tracer les origines de l'art de la miniature persane, qui a atteint son sommet pendant les périodes mongoles et timourides (12e et 14 siècles). Les dirigeants mongols de la Perse y ont répandu le culte de la peinture chinoise qu'ils ont apporté avec eux, comme un certain nombre d'artisans chinois. Le papier lui-même est arrivé depuis la Chine, en 751 d'abord, dans la région de Samarcande et Tachkent, puis en 753 dans l'Iran actuel, atteignant Bagdad en 794. L'influence chinoise est donc très forte sur cet art.
Pour le terme d' "enluminure" qui diffère du terme "miniature", Youssef Ishaghpour précise dans son ouvrage La Miniature persane1 que dans la sphère iranienne, l'enluminure « est un mode d'ornement de manuscrit, à base d'éclat et de couleur, dépourvu d'image : à commencer par des magnifiques copies du Coran, ornées de splendeurs persanes, de motifs abstraits, géométriques et floraux. » En ce qui concerne la miniature occidentale, Henri Focillon emploie à juste titre le terme de « vertige de la réduction »1, parce qu'elle donne l'illusion d'une peinture de chevalet dans un espace réduit.
Il n'en est rien pour la miniature persane qui représente en elle-même un espace poétique différent avec absence délibérée d'ombre et de perspective, le but étant de réaliser l'union du principe abstrait de l'ornementation, propre à l'art islamique, et de la diffusion de la pensée, propre aux croyances de l'ancienne Perse.
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