Norman Rockwell (1894-1978)
Willie Gillis in Convoy, 1941
Huile sur toile
(109,2 x 89cm)
Private owner
Willie Gillis est un personnage imaginaire inventé par Norman Rockwell pour incarner avec le maximum d'émotion possible l'archétype des jeunes recrues américaines engagées dans la Seconde guerre mondiale. A propos de Gillis, Rockwell déclara au New York Times : « Pour une série de couvertures que l'on m'avait commandé, j'avais imaginé ce personnage, une sorte d'innocent soudainement pris dans une vie complètement étrange et décrivant les expériences militaires d'un jeune civil»
La première couverture de The Saturday Evening Post, mettant en scène le soldat fictif de Norman Rockwell, Willie Gillis, a été publiée le 4 octobre 1941. Au cours des cinq années suivantes, Rockwell a peint onze couvertures pour The Post mettant en scène Gillis et ses aventures au sein des forces armées combattantes.
Mais bien qu'imaginaire, Willie Gillis est cependant bien réel : il s'agit de Robert Otis Buck, un garçon d’Arlington, dans le Vermont, que Rockwell avait repéré lors d’une fête folklorique campagnarde. Buck avait cet air innocent que Rockwell recherchait pour le rôle de Gillis et ayant été exempté de guerre, il offrait la garantie d'être disponible assez longtemps pour que Rockwell puisse achever la longue série qu'il prévoyait sur la vie d'un soldat. C’est la femme de Rockwell, Mary, qui trouva le nom Willie Gillis, dans un livre pour enfants.
Rockwell utilisa le personnage de Willie Gillis pour projeter une vision plutôt optimiste et émouvante du monde... et ce même face à une guerre mondiale. Contrairement à beaucoup de ses contemporains, il n' a jamais évité de rendre compte de scènes faisant allusion au combat, mais il a toujours évité d'en décrire explicitement les horreurs.
Dans ce tableau, Rockwell représente Gillis à l'arrière d'un camion de transport avec plusieurs de ses camarades. Rockwell se sert d' une foule détails pour améliorer les nuances narratives de son œuvre bâtie comme un récit. Le nuage de poussière et les feuilles qui tourbillonnent au premier plan indiquent que le camion est en mouvement. Entassés à l'arrière du camion, les soldats semblent voyager depuis pas mal de temps : l'un fait une sieste , un autre mange une pomme, tandis qu'un dernier fume un cigarette en regardent au loin d'un air songeur. Seul le héros de ce mini récit, Gillis - qui arbore autour de son cou un patte de lapin porte bonheur - reste éveillé, les yeux écarquillés dans une posture rigidement militaire, prêt à faire face à l’ennemi chaque fois qu’il se présentera, la main sur le fusil... "la fleur au fusil" a-t-on envie de dire !
Malgré ses qualités picturales et l'intense emotion qui s'en dégage, ce Willie Gillis in Convoy, ne trouva jamais l'approbation des rédacteurs en chef du magazine, et ne fut jamais imprimée comme couverture du magazine. Elle resta dans le studio de Rockwell à Arlington jusqu’en 1951, date à laquelle F. Earl Williams, directeur du Gardner High School à Gardner dans le Massachusetts, rende visite à Rockwell. Williams se lança dans une description si pertinente de cette oeuvre que Rockwell
fut surpris et touché. Estimant qu'il n'avait jamais entendu quelqu'un comprendre et décrire aussi bien parfaitement ce qu'il essayait d'exprimer avec ce travail, il décida, en guise de remerciement, de faire don de la peinture à la Gardner High School, où elle est restée pendant plusieurs années, avant de passer en vente aux enchères chez Sotheby's à New York le 21 mai 2014. où elle fut adjugée pour 2.285.000 USD.
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Un blog de Francis Rousseau