mercredi 5 septembre 2018

François Le Moyne I (1688-1737) - Tête d'un homme barbu

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François Le Moyne I (1688-1737) 
Tête d'un homme barbu, profil gauche  
The MET, New York City 

Le peintre François Lemoyne  I ou Le Moine,  (à ne pas confondre avec Jean-Baptiste Lemoyne II)  Premier peintre du Roi, fut considéré comme un très grand maître par ses contemporains, commanditaire aussi bien qu'artistes. Il est l'un des pères du style rococo et le maître et ami de Charles-Joseph Natoire et François Boucher.
En 1732, Louis XV, lui confia la décoration du salon d'Hercule à Versailles. Il obtenait là une commande considérable tout comme celles de Le Brun auparavant. Il en conçut non pas fierté mais ivresse et enthousiasme. Il allait pouvoir faire ce que ces deux maîtres précités avaient fait au palais des Doges. Il y consacrera quatre ans pour réaliser ce rêve, mais dont il sortira las, brisé physiquement et moralement. Quatre années de luttes, de misères, d’acharnement où il faisait, défaisait, s’écoulèrent ainsi. Il avait vieilli au point d’inquiéter ses familiers, il était courbé, ne connaissant plus aucune joie, aucun plaisir, interdisant farouchement l’accès de ses pensées secrètes. Lorsque Louis XV le nomma premier peintre, en 1736,  une fois au sommet de toutes les hiérarchies, pourvu d’une charge qui l’élevait au-dessus de ses confrères, il n’en fut pas plus heureux ou satisfait. Il sombra, au contraire, dans une profonde dépression  qui le mena au suicide un an plus tard. 
La grande découverte de son œuvre allait avoir lieu le 26 septembre 1736. Cent quarante figures mythologiques, tout un Olympe galant offraient aux yeux le spectacle de leur beauté, de leurs teintes harmonieuses, d’une science qui évoquait les maîtres vénitiens mais affirmaient plus encore une triomphante originalité. Dès le seuil de la grande porte, Louis XV, Marie Leczinska, le duc d’Antin se tinrent là, frappés d’admiration et d’étonnement. Toutes les autres peintures qui se tenaient dans les pièces voisines paraissaient ternes comparées aux orchestrations flamboyantes du peintre. Voltaire dira : « Il n’y a pas en Europe de plus vaste ouvrage de peinture que le plafond de Lemoyne et je ne sais s’il y en a de plus beaux ». Il s’était montré dans ce chef-d’œuvre l’égal du grand Tiepolo. Louis XV lui décerna les éloges qui eussent comblé tout autre maître, de même toute la Cour, mais Le Moyne semblait ne plus pouvoir supporter la tension à laquelle il s’était soumis ; atteignant le but ardemment souhaité, il perdait pied. Le 4 Juin 1737, le peintre se saisir de son épée, et se la planter dans le corps а plusieurs reprises,  tavant d'aller ouvrir à l'ami qui venait le visiter.
L’émotion fut grande à la Cour et à la ville. Sur un chevalet reposait sa dernière œuvre Le Temps révélant la vérité où figure l'allégorie portant la faux et qui était une commande. L’Eglise, en dépit de son geste, ne lui refusa pas ses pompes, ce qui donne un idée assez bonne de l'état de considération  dans lequel il était dans tout le royaume. 
En juin 2015, l'historienne d'art Hannah Williams tente de comprendre les motivations du geste de Le Moyne, révélant de nombreux pans opaques, notamment une sombre affaire de jalousies au sein de l'Académie...

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