jeudi 28 juin 2018

Adolphe Brune (1902-1875) - Joseph, le nègre



Adolphe Brune (1902-1875) 
 " Joseph, le nègre " 
Musée de Cahors Henri-Martin / Musées d'Occitanie, France  

 Cette oeuvre  qui n'est pas présentée de façon permanente dans le musée qui la conserve représente un modèle célèbre. 
Joseph apparaît en effet dans Le Radeau de la Méduse de Géricault (c'est l'homme qui, vu de dos, agite un morceau de tissu au navire passant au loin), ou dans une étude de Chassériau conservée au musée Ingres de Montauban. Les contemporains  décrivent Jospeh non seulement comme admirablement beau, large d'épaules, les hanches minces, mais aussi d'un caractère affable et Géricault semble l'avoir apprécié comme modèle moins pour son physique, capable de rivaliser avec  des statues antiques que pour le charme de sa personnalité. Voici la biographie de Joseph  brossée par  Émile Gigault de La Bedollière dans son ouvrage Le Modèle paru en 1840 : 
"A ce propos nous dirons que tous les peintres ont leur modèle de prédilection, qu’ils reproduisent incessamment dans leurs tableaux. Qu’un artiste rencontre dans la rue un homme aux traits mâles et fortement accentués, à la physionomie expressive, à la tournure athlétique, fût-ce sous les haillons d’un chiffonnier, l’artiste l’endoctrinera et l’aura bientôt fait passer de l’échoppe à l’atelier. C’est ainsi que Géricault recruta parmi les acteurs de madame Saqui le nègre Joseph, qui, venu de Saint-Domingue à Marseille, et de Marseille à Paris, avait été engagé dans la troupe acrobate pour jouer les Africains. Le Naufrage de la Méduse amena une nombreuse clientèle à Joseph, et ses épaules larges et son torse effilé la lui ont conservée, malgré ses impardonnables distractions. Car pensez-vous que l’Haïtien, brûlé par le soleil des tropiques, va demeurer tranquille dans sa pose comme Napoléon sur la Colonne ? Non : vous voyez tout à coup sa figure s’épanouir, ses grosses lèvres s’ouvrir, ses dents blanches étinceler ; il se parle à lui-même, il se conte des histoires, il rit à gorge déployée ; il songe à son pays natal ; réchauffé par la chaleur du poêle, il rêve le climat des Antilles ; au milieu des émanations  de la tôle rougie et de la couleur à l’huile, il respire le parfum des orangers. O illusions !"